Category: Livres,Romans et littérature,Littérature française
La Cantatrice chauve Details
Notes, présentation et dossier par Jean-Luc Vincent
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Ionesco décide d'apprendre l'anglais, et c'est en l'étudiant avec la méthode Assimil que l'idée lui vient de "La Cantatrice chauve" dont une partie du dialogue imite les phrases incohérentes d'un manuel de conversation courante en langue étrangère : un dialogue avec des phrases brèves, insérées de platitudes avec bien sûr un réseau de structure grammaticale. Ayant transcrit et relu les phrases de Assimil, Ionesco s'aperçoit de l'énorme quantité de clichés qui se trouvent dans ces textes et il eut alors une illumination. Il lui fallait communiquer à ses contemporains les vérités essentielles dont il avait pris conscience par le manuel franco-anglais. Assimil lui fournit les matériaux pour sa pièce : les personnages (sauf le capitaine pompier) et l'usage systématique des clichés.L'outrance de l'emploi des lieux communs dans cet ouvrage et le sérieux qu'il faut mettre à les répéter constituent une source inépuisable de comique: "Ma femme est l'intelligence même. Elle est même plus intelligente que moi. En tout cas, elle est beaucoup plus féminine".L'auteur passe des messages et des opinions à travers sa pièce de théâtre. Il veut notamment se moquer de la bourgeoisie anglaise de son époque, lorsqu'il met en scène des personnages incapables de communiquer entre eux. En utilisant le même nom pour ses personnages, tous des Bobby Watson, il utilise aussi une métaphore entre cette similitude et celle des gens de la bourgeoisie. Notons qu'Eugène Ionesco portait le même nom que son père et qu'ils avaient une relation difficile entre eux. Est-ce une allusion ?Il n'y a pas de logique ou d'intrigue dans le théâtre de Ionesco. Il y a quatre sortes d'outils importants qu'utilise Ionesco pour leur donner un aspect ridicule :la répétition, les coïncidences, les clichés et la contradiction.Les phrases sclérosées se défont dans le non-sens: "On peut prouver que le progrès social est bien meilleur avec du sucre"; le texte est rongé de mots bâtards: "J'ai mis au monde un mononstre." Quand le langage n'est plus irrigué profondément par une pensée vive, il se flétrit et tombe en poussière. La communication entre les êtres s'évanouit.L'absurde tue le langage. Le tragique latent d'un tel théâtre, parfaitement dissimulé dans La Cantatrice chauve (1950), se révèle dans La Leçon (1951), où le langage fonctionne tout seul, alors que sous lui progressent silencieusement, comme des reptiles, de sourdes pensées sadiques. Pour compenser ce tragique, Ionesco prescrit la règle d'or: "Sur un texte burlesque, un jeu dramatique. Sur un texte dramatique, un jeu burlesque" (Notes et contrenotes ).? un critique anglais qui l'accusait de formalisme, Ionesco riposta que "renouveler le langage, c'est renouveler la conception, la vision du monde".Il semble souhaitable de voir la pièce pour avoir une vision éclairée (si c'est possible...) et plus "vivante" de ce texte.Le texte de "La leçon", dont la chute est bien enlevée, finit par être un peu lassant à force d'être répétitif.
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