Category: Livres,Romans et littérature,Théâtre
Les Précieuses ridicules Details
« Marotte. Voilà un laquais, qui demande si vous êtes au logis, et dit que son maître vous veut venir voir.Madelon. Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement. Dites : «Voilà un nécessaire qui demande si vous êtes en commodité d’être visibles.» Marotte. Dame, je n’entends point le latin, et je n’ai pas appris, comme vous, la filofie dans Le Grand Cyre.Madelon. L’impertinente ! le moyen de souffrir cela ! et qui est-il, le maître de ce laquais ? Marotte. Il me l’a nommé le marquis de Mascarille. Madelon. Ah ma chère ! un marquis, oui, allez dire qu’on nous peut voir. C’est sans doute un bel esprit, qui aura ouï parler de nous. » Les Précieuses ridicules sont la première comédie imprimée de Molière, mais le texte publié n’est que l’image silencieuse de ce qui fit en 1659 son succès immédiat : un théâtre vivant et neuf, car cette courte pièce en un acte et en prose affichait son parti pris en faveur du spectaculaire, du jeu des acteurs, de ce qu’on voit et qu’on entend, de ce que l’écrit justement ne transmet pas. Sa nouveauté prit à rebours les idées reçues sur la comédie : spectateurs conquis et rivaux dépassés surent alors que plus rien ne serait comme avant sur les scènes parisiennes du xviie siècle.Introduction, notes et commentaires par Claude Bourqui.
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1659. Molière après avoir parcouru pendant treize années la province, représente, grâce au Roi Louis XIV qui le lui a obtenue, en la salle du Palais du Petit-Bourbon, la satire de la préciosité sous le titre prêtant au rire, par l'adjonction de "ridicules" à celui de précieuses des "Précieuses ridicules".Cette comédie en un acte est comme tout l'art de Molière animée par le bel esprit, l'art maîtrisé avec joie, de celui de l'archer décochant ses traits en plein coeur, par amour de l'humanité, de son intelligence et mépris des fats. L'hypocrisie, la stupidité, l'esprit d'avarice, les donneurs de leçon "dévots", Harpagon et Tartuffe, sont les ennemis de Molière. Tout son théâtre est explosion de rires, subtils quand la critique fait mouche sur le plan spirituel, mais aussi naturelle, populaire (au sens large) quand la farce tourne en ridicule ces précieux de tous ordres.Molière fustige la sottise des précieuses qui régnaient dans les salons littéraires parisiens, et tout particulièrement celui de l'Hôtel de Rambouillet animé par Mademoiselle de Scudéry. Quel amusement !Les documents annexés à la pièce, dans cette présente édition tant louée (brillante, instructive et riche thématique dans cette collection "nouveaux classiques Larousse") aident le lecteur à saisir l'esprit de la préciosité, notamment à la faveur d'extraits du "Grand Dictionnaire des Précieuses" de Somaize en 1661 :"A. Astres : les pères de la fortune et des inclinationsB. Boutique : La boutique des libraires : le cimetière de vivants et des morts.C. Chaise : Des porteurs de chaise : des mulets baptisés(...)F. Femme. Cette femme est jeune : cette femme a des absences de raison.(...)L. Lèvres : les maîtres muets(...)S. Soupirs : les enfants de l'air (...)"Souvent d'ailleurs l'esprit ne fait pas défaut aux précieux à l'exemple de ce madrigal :"Philis s'est rendue à ma foi.Qu'eût-elle fait pour sa défense ?Nous n'étions que nous trois: elle, l'Amour et moi.Et l'Amour fut d'intelligence" (Cotin, Oeuvres mêlées, 1659)Molière a trop de finesse pour dresser le procès de la préciosité. Il dégage cependant le futile, encombrant cageot de l'esprit, ayant prétention à devenir norme et par là à subvertir le bon goût, l'intelligence, la création. Il explose par le rire cette prétention exprimée par les sots à régenter l'intellect.
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