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Trois controverses de la pense conomique: Travail, capital, temps Details
Nos emplois sont-ils menacés par les machines ? Peut-on parler d’une« bonne » et d’une « mauvaise » dette ? Le capital est-il trop rémunérépar rapport au travail ?Avec le talent et la verve qu’on lui connaît, Jean-Marc Daniel fait ressurgirdu passé trois grandes controverses de la pensée économique :en 1812, lord Byron prend la défense des luddites, ces tisserands quiparcouraient la campagne anglaise pour casser les métiers à tisser ;en 1938, Keynes écrit personnellement à Roosevelt pour l’adjurer defaire un second New Deal en recourant au déficit public ; en 1953, latrès britannique Joan Robinson s’oppose violemment à l’AméricainSamuelson sur la mesure du capital.Émaillées de situations inattendues – les luddites, défendus parByron, sont délaissés par Marx –, ces trois querelles sont l’occasionde découvrir comment se sont forgés les concepts de la pensée économique.Et d’en tirer quelques enseignements utiles pour aujourd’hui: sur les dangers du néoluddisme actuel, sur le déficit publicqui reste un outil de relance ou encore sur les limites des équationsen économie…
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Dans la ligne de son Histoire vivante des ides conomiques, suivi entre autres de ses 8 leons d?histoire conomique, Jean-Marc Daniel nous conte, sa manire unique, l?histoire de trois grandes controverses qui ont travers les ges, au point de perdurer, malgr les enseignements que l?on devrait en tirer.On ne dira jamais assez l?importance que revt le poids du pass et les enseignements qu?il y a en tirer. Trop rarement, hlas, suivi d?effets, par simple mconnaissance des grandes leons oublies de ces controverses et volution des ides qu?elles ont pu susciter.Plus que jamais, le terme d?histoires vivantes n?est ici nullement usurp, surtout lorsqu?on se trouve replong de manire si relle dans la dynamique des dbats du pass et les progrs de la science conomique .Ce dernier terme lui-mme est-il d?ailleurs le mieux appropri ? Jean-Marc Daniel rappelle qu?il a remplac celui d? Economie politique , invent par Antoine de Montchrestien au XVIIme sicle, alors que mme les sciences les plus neutres et les plus incontestables sont menaces de lyssenkisme . Une ide que l?on retrouve chez Pierre Cahuc et Andr Zylberberg dans leur essai sur le ngationnisme conomique , avec qui on peut dire que Jean-Marc Daniel partage l?ide selon laquelle : de fait, l?conomie a souffert et souffre souvent encore de la mconnaissance qui l?entoure et de la pollution de son message par des prises de position qui semblent d?autant plus fasciner qu?elles sont fallacieuses .- Premire controverse : Nos emplois sont-ils menacs par les machines ?Intitul La manivelle de Sismondi, ou quel est l?avenir du travail ? , ce chapitre aborde la question demeure traditionnelle des craintes lies au progrs technique et aux incidences qu?il pourrait avoir en termes d?emploi. Question lancinante qui remonte au moins l?Empereur Vespasien qui, dj, craignant les effets du progrs technique sur l?emploi, dcida purement et simplement de l?interdire. A l?encontre de tout bon sens, de l?efficacit et du bien-tre qu?il tait pourtant en mesure d?occasionner.Jean-Marc Daniel nous expose ainsi l?volution de la question travers les poques, travers notamment l?pisode de la rvolte des luddites (avant celle un peu plus tard des canuts lyonnais). Une prsentation passionnante, qui se prolonge par l?volution des ides en la matire chez les conomistes classiques et, de manire presque tonnante, un Karl Marx qui dsapprouvait ce mouvement luddite, lui reprochant de s?en prendre la machine, qui n?est pas coupable, au lieu de s?en prendre au systme capitaliste et ceux qui organisent l?exploitation de l?homme au travail, ne cherchant que le dgagement du maximum de plus-value.La controverse se prolonge jusqu? nos jours, avec l?essor des thories protectionnistes, puis la loi du dversement et les dbats rcents sur l?ubrisation de la socit et les inquitudes qu?elle suscite, une forme de no-luddisme apparaissant ainsi, laissant ressurgir un dbat dont on aurait pourtant pu imaginer qu?il tait enterr depuis longtemps.- Deuxime controverse : Peut-on parler d?une bonne et d?une mauvaise dette ?Intitul La lettre de Keynes, ou qu?est-ce que la dette ? , ce passionnant chapitre nous convie une exploration de l?volution de la rflexion sur la question de la dette publique. Partant de la problmatique de son caractre de transfert ou au contraire de promesse vis--vis de l?avenir, David Ricardo, montrait en quoi la dette publique tait un mcanisme antiredistributif (bnficiant ses souscripteurs, donc aux rentiers).D?Aristote, puis Saint Thomas d?Aquin, sur la question de l?usure et du prt intrt, on entre vritablement dans la science conomique avec les rflexions sur l?endettement des Etats. Des conceptions hostiles de Franois Quesnay, Anne-Robert Turgot, ou Frdric Bastiat, entre autres, on volue, avec le XIXme sicle, dans le prolongement de celles plus nettement favorables d?Adolph Wagner et des socialistes de chaire, vers l?avnement de John Maynard Keynes et ses disciples.Un chapitre instructif, au cours duquel nous allons retrouver, en pleine rflexion sur le New Deal, l?opposition entre, d?une part, Henry Morgenthau et sa mise en garde contre l?effet d?viction de la dpense publique et, d?autre part, un John Meynard Keynes opportuniste et quelque peu mprisant, appel la rescousse par un certain Alvin Hansen non moins opportuniste qui en sera un digne vulgarisateur et successeur.Le thorme d?Haavelm, le multiplicateur, le modle IS-LM du keynsiannisme triomphant de Hicks et Hansen, Bretton Woods, l?influence de Walter Heller, autant d?pisodes entremls qui nous font vivre la dynamique du XXme sicle en matire de politiques budgtaires et montaires, jusqu? l?chec des politiques de relance de 1975.Place alors la critique thorique, avec Robert Lucas, Robert Barro et la Nouvelle conomie classique, le retour en grce de Ricardo travers le thorme de Ricardo-Barro, mais aussi John Muth et les apports novateurs de Richard Musgrave en matire de justification des fonctions de l?Etat. Un vaste panorama qui nous est ainsi offert dans sa pleine dynamique. Un chapitre qui se conclut par une intressante recension des arguments en faveur et contre la dette et une tentative de rconciliation post-mortem de Keynes et Morgenthau.- Troisime controverse : Le capital est-il trop rmunr par rapport au travail ?Intitul La controverse des deux Cambridge , ce troisime et dernier chapitre, assez technique, aborde la question du capital, en partant des travaux de Thomas Piketty et son ouvrage Le capital au XXIme sicle . Le problme, selon Jean-Marc Daniel, provient de la dfinition que l?on donne au Capital. Or, toute la thorie de Piketty repose sur la fameuse quation r>g, selon laquelle la rmunration du capital aurait augment plus vite que la croissance, contrairement l?galit suppose normale par les conomistes. Sans qu?il ait ignor pour autant la difficult de cette dfinition que l?on donne au capital, et les dbats auxquels elle a donn lieu, Jean-Marc Daniel constate que Piketty n?en passe pas moins un peu vite dessus, ce qui est gnant et prte le flanc la critique.L?occasion de revenir sur une controverse ne dans les annes 1950 au sujet de la nature du capital et de sa rmunration, opposant les chercheurs et professeurs anglais de Cambridge leurs homologues du Cambridge amricain. Avec toutes les consquences que cela implique en matire la fois fiscale, de science conomique, mais aussi d?ultime tentative de rsistance anglaise la prise de pouvoir intellectuel par les conomistes amricains , aprs celle d?Hansen sur les thories keynsiennes (chapitre prcdent).En conclusion, et comme Jean-Marc Daniel y insiste lui-mme, l?chec des conomistes et des politiques conomiques rcentes est malheureusement en partie li au manque de leons tires des expriences et controverses du pass. Il est donc essentiel de s?y rfrer de manire plus importante si l?on entend commettre moins d?erreurs et assurer mieux l?avenir et la condition des populations. Et c?est tout le mrite de cet ouvrage, dcouvrir avec intrt.
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